Le trauma voyage au pays de l’oubli, du huis-clos, oxyde le sang, endiable le corps.
Le trauma dissipe l’éthique, brandit une loi tribale, s’impose en barbare.
Le trauma dévore la mémoire, la possède, repousse la vérité.
Le trauma rampe dans les veines, abruti le cerveau, assaille les entrailles.
Le trauma détourne les pensées, morcelle la mémoire, épuise l’être et se détourne vers mille ailleurs.
Le trauma se nourrit des chairs de l’abus, enchaîne la vie, esclave l’âme.
Le trauma absente les rêves, terrifie la nuit, torture le jour et survit à l’instant présent.
Le trauma se tapit derrière une histoire, se repait d’un récit morcelé, éclate les certitudes.
Le trauma voyage en terre inconnue, explose comme une bombe antipersonnel et déchiquète les membres.
Le trauma casse le cerveau, refoule le supplice, cherche une frontière au creux d’un no man’s land, se réfugie dans la mémoire traumatique.
Le trauma dilue la tristesse au goutte à goutte, brise la colère, se fond dans la honte, méconnait les émotions, paralyse les sensations.
Le trauma s’expertise, s’intellectualise, se confond en hypnose.
Le trauma, « trau » pour un seul être humain, il se prisme dès lors en traumatisme.
Corinne Jean, auteure, mai 2014
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